Au salon de Bernay samedi dernier (Oups ! Je n’ai pas raconté ce qui s’y était passé, désolée, c’était pourtant bien agréable ; il n’y avait pas foule, mais les gens présents étaient intéressants, et au bilan, les piles de livres sont quand même descendues), une dame m’a abordée :
– Écrire un livre, c’est mon rêve, mais je crois que je ne sois pas assez patiente. C’est comme les puzzles, pfff, trop long pour moi.
– C’est vrai, lui réponds-je (certains auraient écrit “lui réponge”, mais passons). On compare parfois l’écriture avec un puzzle. Il faut ajuster les pièces les unes à côté des autres, veiller à assortir les couleurs, ne pas forcer pour caser un morceau s’il ne s’ajuste pas exactement.
Durant un bon moment, on a joué sur cette image.
Mais à la réflexion, il y a une différence fondamentale : dans le puzzle, sauf si on a perdu des pièces, il y a UNE bonne solution. La patience et le temps suffisent pour trouver LA bonne solution. Au final, on obtient le joli dessin qu’on attendait (et pas un autre).
Tandis que pour l’écriture, pas du tout. On aura beau consacrer du temps, de l’énergie et beaucoup d’amour, parfois on est à côté de la plaque (de puzzle).
C’est d’ailleurs ce qui ajoute de la magie à l’opération : on ne connaît pas la saveur de ce qu’on fait mijoter. On ajoute des ingrédients, on place des morceaux les uns à côté des autres. Mais on ignore quel effet cela donnera, sous des éclairages différents. Si ça se trouve, l’image sera différente de celle qu’on avait en tête. Si ça se trouve, elle sera si moche que personne n’en voudra. Ou bien le puzzle sera tordu, incomplet…
Justement, me direz-vous, c’est bien là l’intérêt : un beau défi qui se renouvelle en permanence !
Tiens, voilà qui me donnerait presque envie de sortir mon 5000 pièces…